Presse

Quatuor Terpsycordes

Schubert

Utmisol

Schubert

Article paru en novembre 2015
Utmisol, écrit par Danielle Anex-Cabanis

Franz Schubert
Quatuors à cordes

Franz Schu­bert; Qua­tuor à cordes №12 en ut mi­neur, D 703 (1820), Quar­tett­satz, et Qua­tuor à cordes №15 en sol ma­jeur, D 887 (1826); Qua­tuor Terp­sy­cordes; CD Am­bro­nay Edi­tions 57’31’’.

Si Schu­bert s’est es­sayé très jeune à la com­po­si­tion de qua­tuors, les pre­miers sont des œuvres char­mantes, des­ti­nées à un pu­blic bien­veillant à l’égard de mu­si­ciens ama­teurs de bonne qua­lité, comme il en foi­son­nait à Vienne aux XVIIIe et XIXe siècles, c’est à par­tir de 1820 qu’il touche aux som­mets de son art ce qu’illustre à mer­veille le bel en­re­gis­tre­ment du qua­tuor Terp­sy­cordes. D’ori­gine bul­gare, suisse et ita­lienne, les mu­si­ciens sont ba­sés à Ge­nève qui a re­connu et sou­tenu leur ta­lent tout comme le font les Edi­tions Am­bro­nay dont il faut louer une fois de plus la qua­lité de leur choix qui a conduit à ce CD.

Un seul mou­ve­ment pour le Quar­tett­satz qui té­moigne de l’évo­lu­tion du mu­si­cien vers des formes plus abou­ties et plus com­plexes. Après un dé­part fu­gué, re­flet d’émo­tions pro­fondes, le se­cond thème est tout en dou­ceur et se pour­suit par un troi­sième très mé­lo­dique ser­vis ici de ma­nière très sen­sible par le vio­lon et l’alto. Schu­bert a laissé l’œuvre in­ache­vée , si­non 40 me­sures d’un An­dante juste es­quissé.

Tout autre ap­pa­raît le qua­tuor №15. Très long (plus de 45 min. ), il a sur­pris le pu­blic peu ha­bi­tué à ce for­mat au­quel Schu­bert donne une di­men­sion quasi sym­pho­nique, alors qu’il n’écrit que pour 4 mu­si­ciens. Com­posé en 10 jours, le qua­tuor ne sera joué in­té­gra­le­ment pour la pre­mière fois qu’en 1850, car, à l’ins­tar des sym­pho­nies, ja­mais pu­bliées ni jouées, l’en­semble de son œuvre ins­tru­men­tale fut lar­ge­ment igno­rée de son vi­vant. Les mu­si­ciens pro­posent une ver­sion splen­dide de cette œuvre com­plexe qui, à l’ins­tar d’un concerto, met en va­leur cha­cun des ar­tistes. Si la place du vio­lon est ma­jeure, l’alto et le vio­lon­celle sont éga­le­ment mis en va­leur et les 4 ar­tistes font ré­son­ner les thèmes en­tre­croi­sés de ma­nière sub­tile et sen­sible. L’An­dante en par­ti­cu­lier est lit­té­ra­le­ment bou­le­ver­sant, avec l’al­ter­nance du mi­neur et du ma­jeur qui ter­mine le mou­ve­ment de ma­nière lu­mi­neuse et apai­sée après des dé­ve­lop­pe­ments plus sombres. Su­perbes aussi ap­pa­raissent le Scherzo et le Rondo fi­nale, qui se font en par­tie écho avec des thèmes com­muns, cou­pés par un thème unique en do mi­neur.

Cet en­re­gis­tre­ment, qui ne se veut pas ré­vo­lu­tion­naire, ap­porte néan­moins une ma­gni­fique re­lec­ture de ces deux œuvres de Schu­bert et on ne peut qu’es­pé­rer la pour­suite des en­re­gis­tre­ments de ces quatre mu­si­ciens plein de ta­lent et de fi­nesse.

Da­nielle Anex-Ca­ba­nis

article en ligne: http://www.utmisol.fr/index.php?article=694