Le Mag de l'Express-l'Impartial
Qui veut connaître la personnalité profonde de György Ligeti doit avoir entendu les «Métamorphoses nocturnes» interprétées samedi au temple de Saint-Blaise par le quatuor Terpsycordes, hôte de Musique au Chœur. Alors que le compositeur, né en 1923 dans une petite bourgade de Transylvanie, a profondément innové son écriture tout au long de sa carrière, il unit ici la tradition occidentale, la liberté harmonique dans l’air du temps en 1953-54, et la rythmique propre aux mélodies populaires des régions d’Europe centrale. Ainsi les «Métamorphoses nocturnes» se sont-elles ouvertes samedi à l’enivrante exploitation du quatuor Terpsycordes. L’ensemble fait une subtile utilisation des couleurs sonores qui, toutes différenciées, lumineuses, aboutissent à une force insoupçonnée. Les musiciens ont bouleversé le public, spontanément. Quant à leur vision du Quatuor à cordes op 18 de Beethoven,joué en ouverture du concert, elle est riche de puissance dramatique et de vibration intérieure. Chaque mouvement est animé d’un souffle d’une extraordinaire intensité. L’allegro con brio est pastoral, les dialogues sont finement structurés. Puis les interprètes combinent enthousiasme et nostalgie tandis qu’un humour dis- cret caractérisera le scherzo.
La communion spirituelle entre les musiciens Girolamo Bottiglieri, premier violon, Raya Raytcheva, second violon, Caroline Haas, alto, François Grin, violoncelle est tangible. Toujours l’ensemble démontre une sûre verticalité.
Dans le Quatuor à cordes en la mineur op 51 de Johannes Brahms, qui a terminé le concert, les Terpsycordes se sont abandonnés, à bon escient, aux plaisirs de l’époque romantique. Le bis? Un mouvement d’un quatuor de Beethoven.