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Quatuor Terpsycordes

Le Quatuor Terpsycordes fête ses 25 ans au Victoria Hall

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Le Quatuor Terpsycordes fête ses 25 ans au Victoria Hall

Pour son prochain Concert du Dimanche le 20 novembre prochain, la Ville de Genève invite le Quatuor Terpsycordes, accompagné du pianiste français Lucas Debargue, sur la scène du Victoria Hall. Premier Prix du Concours de Genève en 2001, seulement quatre ans après sa création, le Quatuor Terpsycordes s’est établi comme une formation de musique de chambre incontournable dans le paysage culturel suisse mais aussi international.

 

Rencontre sur les bords du Rhône avec Girolamo Bottiglieri, premier violon du quatuor et concertmaster de L’Orchestre de Chambre de Genève.

 

Terpsycordes, c’est l’histoire de quatre amis désireux de jouer ensemble ?

- Pas vraiment, c’est plutôt une heureuse coïncidence dont Caroline, l’altiste, est à l’origine. Avant de finir le master soliste au Conservatoire de Genève, on avait un examen obligatoire de quatuor à cordes. Chacun de nous était dans divers groupes et Caroline a recruté les membres de différents quatuors. C’est ainsi que s’est fondé le Quatuor Terpsycordes. L’alchimie a opéré et nous avons continué.

 

Alchimie qui semble perdurer, puisque le quatuor a connu très peu de changements d’effectifs.

- Oui, le hasard a bien fait les choses. Raya (deuxième violon), Caroline (alto) et moi-même étions déjà là à la création du quatuor. En 25 ans, seul le violoncelliste a changé : une fois au bout d’un an et demi, puis 21 ans plus tard pour accueillir Florestan Darbellay, le violoncelliste actuel avec qui nous avons déjà développé pas mal de projets.

 

Quelle est la clé pour perdurer en tant qu’ensemble ?

- Il faut des qualités humaines et relationnelles de haut niveau pour s’inscrire dans la durée et faire face aux difficultés et aux tensions qui sont inévitables quand on passe autant de temps ensemble.

Si on arrive à surmonter ces tensions, on en sort plus fort et dans notre cas, c’est la preuve car notre relation amicale, voire fraternelle, est vraiment forte. Je pense que c’est quand on en arrive à ce stade que le quatuor atteint sa pleine maturité.

 

Avec les contraintes personnelles de chacun, comment arrivez-vous à trouver le temps de vous réunir régulièrement ?

- Ce qui nous facilite les choses, c’est de ne pas habiter loin les uns des autres. Aux débuts du quatuor, nous avions un calendrier fixe avec des répétitions tous les jours. En 25 ans, évidemment, les choses ont changé : chacun a une famille, un poste... On ne peut plus se réunir tous les jours à cause de ces contraintes, mais on essaie de garder un fonctionnement similaire car on l’affectionne. On répète ensemble le lundi matin et après-midi, ainsi que les matinées du mardi, jeudi et vendredi. Si on a un engagement ponctuel, comme une série d’orchestre, on avise, mais on reste sur cette base au maximum.

 

Le travail régulier permet de travailler plus en profondeur ?

- Cela permet un travail plus dilué, dans un sens. Il ne se fait pas dans l’urgence, et on a parfois l’occasion de travailler des pièces longtemps à l’avance. On a le loisir de pouvoir prendre le temps de travailler certains aspects de la technique et du son, pour le bien du quatuor en lui-même, sans forcément le faire pour une échéance particulière. C’est un gros avantage.

 

Comment le son de quatuor se travaille-t-il ?

- Le son se travaille de manière empirique, il s’adapte et évolue au fil du temps. Vitesses d’archet, point de contact, articulations, vibrato...Toute la difficulté, c’est de mettre des mots sur les sensations. On développe un lexique qui nous est propre. En termes de son, on a une esthétique plutôt orientée vers le classique avec un jeu que l’on pourrait définir comme épuré.

 

Avec l’homogénéité comme objectif ?

- Le modèle du quatuor prône l’homogénéité absolue du jeu. On se doit de la chercher quand l’écriture le suggère ou l’impose, mais pour nous, l’enjeu est d’exprimer la personnalité de chacun, d’autant qu’il y a des personnalités très fortes et que nous n’avons pas forcément tous des techniques ou des histoires culturelles très proches. Dans notre conception, le quatuor est un équilibre – difficile à trouver – entre homogénéité et individualité.

 

Vous jouerez, au Victoria Hall, le quatuor à cordes de Lucas Debargue, qui n’est pas une œuvre très connue. Pourquoi ce choix ?

- C’était une évidence. Quand on a choisi le quintette de Franck avec Lucas Debargue, on a voulu le solliciter pour qu’il joue aussi seul (des œuvres de Ravel) et, puisqu’il a composé un quatuor, on s’est dit que c’était une bonne idée de jouer son quatuor. On ne regrette pas, c’est une très belle pièce !

 

L’avantage, c’est que vous pouvez donc travailler directement avec le compositeur.

- Exactement, on a pris le temps de travailler avec Lucas ; on l’a rencontré le mois dernier. Il est à la fois très au clair sur ses propres intentions, ce qui n’est pas le cas de tous les compositeurs, mais il est aussi ouvert aux suggestions par rapport à l’écriture et à la technique. Il a l’humilité d’accepter les suggestions pour les instruments à cordes dont il ne maîtrise pas la technique. Une telle expérience est enrichissante pour nous.

 

Auriez-vous aimé que le quatuor soit une possibilité de carrière à plein temps ?

- On aime notre équilibre tel qu’il est. Tout ce qu’on fait en dehors profite au quatuor. Après une série d’orchestre, on a souvent de nouvelles idées, un autre regard et des choses à apporter au quatuor. C’est comme une formation continue qui nourrit l’activité et le développement esthétique du quatuor. C’est une richesse inouïe car on a toujours d’autres arguments et approches. C’est probablement ce qui fait la richesse de notre quatuor.

 

En 25 ans, avez-vous eu des souvenirs inoubliables ?

- Je suis justement tombé par hasard, l’autre jour, sur un enregistrement qui a 17 ans, je crois : un cycle de concerts intitulé « L’Histoire du Quatuor ». Les six concerts avaient eu lieu sur deux jours et retraçaient l’histoire du quatuor, du XVIIème siècle à nos jours en jouant sur trois jeux d’instruments : des baroques, des classiques et des modernes. D’après mes souvenirs, on a commencé par une fantaisie de Purcell et fini par la création d’un quatuor d’un compositeur genevois. La radio a enregistré le cycle et l’a récemment partiellement rediffusé. C’était un projet ambitieux qui nous a beaucoup marqués.

 

Propos recueillis par Sébastien Cayet

Pour leprogramme.ch